On a toujours plus de mal à trouver des conteneurs pour livrer nos marchandises et le prix est délirant. Cela fait plus de 6 mois que ca dure et la situation, après une petite accalmie post nouvel an Chinois (mars/avril), s’aggrave encore depuis le mois de mai. Au 1er juin, le fret maritime du conteneur 40 pieds depuis la Chine jusqu’au port du Havre ou de Fos en France est à un plus haut historique, à 12 000 dollars. Pour mémoire, c’était environ 2000 dollars l’été dernier soit un prix multiplié par 6 ! Les compagnies maritimes, elles, s’en sortent très bien. Le danois Maersk, géant du secteur, a réalisé un bénéfice net de 2,7 milliards de dollars au premier trimestre 2021, soit treize fois plus que sur la même période l’an dernier ! CMA CGM, après une année 2019 dans le rouge, a fait déjà une belle année 2020, dans le contexte du Covid, grâce à une flambée des profits sur le quatrième trimestre 2020 (le moment où les prix du fret commencent à s’emballer). L’armateur français de porte-conteneurs a terminé l’année 2020 sur un résultat net de 1,755 milliards de dollars contre un déficit de 229 millions sur l’exercice 2019. Le seul 4e trimestre a été décisif puisqu’il enregistre un bénéfice de plus d’1 milliard de dollars.
On imagine sur cette lancée des résultats mirobolants pour le premier semestre 2021, mais non sans conséquence. En effet, cela se passe au détriment des importateurs qui voient leurs marges réduites, des consommateurs qui vont tout payer plus cher et de l’économie, plus globalement, qui risque de souffrir d’un emballement de l'inflation.
Comment l’expliquer ?
Des capacités de transport en baisse, des besoins en hausse du fait du redémarrage de toutes les grandes zones de consommation (Asie, États-Unis, Europe) qui plus est dans des domaines profitables à l’usine du monde, la Chine (commerce en ligne de biens de consommation et d’équipement, matériaux et composants pour la rénovation des bâtiments, équipement high tech pour le télétravail et le mobilier…) et les industries qui tournent à plein régime, voilà un début d’explication à cette situation inédite. À cela s’ajoute un bon gros bouchon sur le Canal de Suez (fin mars 2021) qui a paralysé 10% des capacités de transport maritime et voilà un cocktail explosif qui explique pourquoi les prix flambent. Dans ce contexte, on a beaucoup de mal à trouver les conteneurs et les places sur les navires sont chères. Il faut le plus souvent patienter 3 à 4 semaines, après avoir passé une commande de transport pour embarquer. Le temps pour la compagnie maritime d’augmenter à nouveau ses prix…
Les chargeurs tirent la sonnette d’alarme
Alors pourquoi ne pas remettre en route les capacités de transport qui ont été retirées lors du coup de frein de l’an passé (à juste titre) ? C’est surement plus profitable ainsi pour ces mêmes compagnies maritimes ! Bien sûr, il n’est pas simple de remettre un porte conteneur en circulation sur une « route » en cruel déficit mais tout de même, cela fait 6 mois que ca dure et les transitaires comme les chargeurs (importateurs, industriels) tirent la sonnette d’alarme depuis longtemps.
Que faire ? Saisir la justice ou les organisations internationales chargées de réguler le commerce et/ou le transport ?
Il y a certainement déjà des actions en cours, mais ces compagnies maritimes, qui sont désormais trois alliances à contrôler le marché et qui abusent notoirement de leur position dominante, gagnent certainement du temps, et se défendent sûrement très bien, pour que la situation perdure et que les profits continuent de couler à flots !
Ces pratiques ont été décriées par les chargeurs – c’est-à-dire les entreprises qui utilisent les conteneurs pour importer ou exporter des marchandises – notamment français. Dans un communiqué publié en novembre, ils avaient dénoncé « le rôle des compagnies maritimes dans le manque de conteneurs vides en Europe, dans le maintien d’une flotte insuffisante et dans la continuité de ce déséquilibre ». Six mois après, la situation est bien pire et devient insurmontable pour beaucoup.
Espoir et résistance
Il est donc temps que les régulateurs s’en mêlent et que l’on puisse retrouver des équilibres sains sur les chaines de valeur.
On a actuellement la sensation que le profit est accaparé par les géants du secteur : les acteurs des matières premières, les compagnies maritimes et les distributeurs.
Un seul dénominateur commun: créer de la pénurie pour faire monter les prix ! En tout cas, c’est la sensation que l’on a en tant que client, importateur et organisateur de transports. On navigue vraiment dans un environnement très tendu, avec une forte houle.
Vous pourrez, en tout cas, compter sur Matmonde pour affronter les tempêtes et vous accompagner au mieux dans ces temps complexes pour optimiser toujours vos achats à l’international et vous conseiller !
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