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Le prix de l’acier continue de croître !

Dernière mise à jour : 29 juin 2021

Cela n’a échappé à personne, les prix des matières premières flambent depuis plus de six mois. Et ça ne s’arrête toujours pas… C’est d’ailleurs particulièrement intense sur l’acier, qui est un bon indicateur de la reprise économique "post Covid-19".

Les aciéristes dans une position confortable


Les gros consommateurs d’acier ont leurs carnets de commande pleins, les aciéristes tels Thyssen Krupp revoient leurs objectifs à la hausse sur la vivacité de la reprise. Mardi 11 mai 2021, l’aciériste allemand a relevé ses perspectives pour l'ensemble de l'année pour la deuxième fois en trois mois alors que la reprise économique mondiale a stimulé la demande pour l'acier et les composants automobiles. Thyssen Krupp s'attend désormais à ce que son bénéfice d'exploitation ajusté atteigne environ 500 millions d'euros pour l'année se terminant en septembre alors qu'il prévoyait auparavant un résultat à l'équilibre. Au deuxième trimestre, le bénéfice d'exploitation ajusté est ressorti à 220 millions d'euros, contre une perte de 279 millions un an plus tôt. L’année 2021 a aussi très bien commencé pour ArcelorMittal. Au premier trimestre, le groupe a presque doublé son résultat net à 2,28 milliards de dollars contre 1,22 milliard au quatrième trimestre 2020, et contre une perte nette de 1,12 milliard de dollars au premier trimestre 2020. Dans le même temps, son chiffre d'affaires a progressé de près de 15 % par rapport au dernier trimestre 2020, à 16,2 milliards de dollars, et de 9 % par rapport au premier trimestre 2020. Le bond du chiffre d'affaires est essentiellement dû à la hausse des prix de vente de l’acier et à la hausse des revenus du minerai de fer, a précisé le groupe.

C’est bien sur la conséquence d’une reprise de l’activité, depuis notamment l’annonce des vaccins, qui a aussi fait flamber les marchés actions. Au lieu de dépenser pour des loisirs ou des restaurants, les consommateurs investissent dans des biens durables et dans la rénovation de leurs habitations. Les artisans du bâtiment ont pour beaucoup du travail pour les 6 mois à venir !


Les prix des matières premières en croissance constante Sur le front de la production des éléments métalliques, les prix continuent de flamber, en particulier en Chine qui reste "l’usine du monde". La hausse est encore très forte sur la fin avril et la première quinzaine de mai. Depuis 6 mois, les prix ont plus que doublé ! L’acier, qui naviguait autour des 500 dollars la tonne il y a moins d’un an, coûte désormais le triple, soit 1500 dollars la tonne ! Il est de plus en plus question d’intervention du gouvernement central pour maitriser la flambée mais pour l’instant, rien de concret. Je suis en discussion actuellement pour des mises en production de produits métalliques (poteaux acier) et on m’annonce encore une augmentation de 25% du prix matière par rapport à fin avril ! Pour des produits simples, dont l’essentiel du prix est la matière première, l’impact est bien entendu très important. Le prix de ce produit, une fois importé, est en hausse de 16% sur cette même période. On comprend mieux pourquoi les artisans ne se risquent plus à établir des devis valables un mois, quand on sait que les prix matière à l’achat pour les industriels varient chaque semaine, et dans des proportions importantes. La quasi-totalité des matières premières, qu’elles soient précieuses (argent, platine et palladium), industrielles (cuivre, acier, bois) ou même agricoles ont progressé. Le principal indice les répertoriant, le CRB a gagné 50% depuis son creux de mars 2020 et progresse de 23% depuis janvier. Son niveau se rapproche désormais de son point haut historique atteint en 2011, juste après le phénomène de reprise économique que nous avions connu post crise de 2008.



Les raisons de cet emballement jamais vu


Comme l’explique Alain Corbani, gérant de Finance SA, les cours des matières premières se sont appréciés du fait des plans de relance massifs annoncés par toutes les grandes économies, notamment par les États-Unis. La Réserve fédérale américaine (Fed) prévoie une croissance du PIB américain de 6,5% en 2021. Nous n’avions pas connu de tels chiffres depuis des décennies ! Mais cette croissance reste artificielle, dopée par les politiques monétaires et budgétaires très accommodantes. Dès que les mesures de soutien des économies s’arrêteront, l’activité va retrouver des taux de croissance plus raisonnables. Le PIB américain devrait d’ailleurs retomber à 3,3% en 2022 et 2,1% en 2023 d’après la Fed. Le phénomène de hausse des cours des matières premières devrait donc se tarir. Les plans de relance un peu partout dans le monde ont dopé les marchés, et la Chine avait déjà relancé très tôt sa machine industrielle. Les pénuries sont apparues car les robinets de l’offre sont restés pour un certain temps à moitié ouverts, ce qui a fait augmenter les prix graduellement. Le coup de frein lié à la Covid-19 a été violent et massif, donc il y a certainement une frilosité chez certains pour remettre en route les pleines capacités de production. On peut aussi légitimement se demander aussi si cette stratégie n’est pas une manière de rattraper les pertes de 2020. Sur cet aspect, les états se doivent de réagir et d’encadrer les abus. «On assiste à un décalage temporel entre la reprise de la demande et l'offre qui ne suit pas», explique Philippe Chalmin, économiste spécialiste des matières premières. À partir de l'été 2020, l'économie chinoise est repartie en fanfare. «La demande chinoise a explosé sur de très nombreux marchés de produits industriels, comme le fer, l'acier, les métaux non ferreux, les produits agricoles comme les céréales et les oléagineux», rappelle le professeur. «Si la demande chinoise se tasse un peu maintenant, cette reprise est relayée à partir de la fin de l'année 2020, par la reprise de l'économie américaine qui repart à coups de plans de relance», poursuit-il. "Le premier trimestre de l'année a été notre meilleur trimestre de la décennie", a commenté Aditya Mittal, nouveau directeur général du groupe Arcelor Mittal et fils de son fondateur qui se déclare néanmoins "conscient" de la poursuite du "défi sanitaire dans le monde, en particulier dans les économies émergentes" comme l'Inde. Le groupe affiche une grande confiance en la hausse de la consommation d'acier dans le monde en 2021 : elle devrait s'élever entre 4,5 et 5,5 % voire plus, selon ses estimations. Combien de temps cela risque t-il de durer ?

Personne ne peut voir dans la boule de crystal mais il semble que les marchés ne soient pas prêts de se retourner et restent en pleine euphorie... Les bourses mondiales sont à des niveaux très élevés, la reprise est vigoureuse partout dans le monde et la consommation est au beau fixe, du fait de l’épargne des ménages qui n’a jamais été aussi importante (du fait notamment de l’absence de voyages, de loisirs culturels ou encore de restaurants) et aussi des plans de relance très accommodants.

Le risque est néanmoins bien présent car à force de stimuler l’économie et de faire marcher la planche à billets, on s’expose à une hausse incontrôlée de l’inflation, néfaste pour l’économie. Et les effets de la crise de la Covid-19 sur les entreprises sont toujours à prévoir malheureusement : il va y avoir de la casse et de nombreuses entreprises vont se retrouver confrontées au mur de la dette (notamment du PGE) qui sera pour certaines insurmontable. Si on peut espérer et entrevoir un « retour à la normal » post Covid-19, on espère aussi que les marchés de matières premières vont se réajuster, retrouver une forme d’équilibre, en particulier au travers d’un ajustement de la demande à l’offre, mais il est probable que l’on reste sur des paliers hauts sur les matières premières. S’il y a danger pour l’économie, les gouvernements centraux, en particulier la Chine, vont s’en mêler et intervenir dans la régulation des prix. Combiné aux prix élevés du transport maritime qui est le nerf de la guerre du commerce mondial, cela va encore nous pousser à chercher toujours de meilleures sources et à optimiser nos circuits d’approvisionnement.


C’est la mission de Matmonde, et cela n’a jamais été autant d’actualité !

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